Erable en bordure de périf
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Un petit dernier sujet "pour le plaisir mental".
Sur l'érable qui portait le (peut-être) Diploicia canescens j'ai eu la surprise d'observer une belle population de survivants, incluant un grand nombre de Ramalina fastigiata. Cette espèce est classée par Kischbaum et Wirth comme "devenue rare à cause de sa faible toxitolérance" et OK, les thalles ne sont pas au mieux de leur forme, mais ils sont nombreux et bien implantés ! Est-ce que les gaz d'échappement seraient devenus moins toxiques ? Est-ce que les lichens seraient en train de s'adapter à la présence humaine ? En tout cas vous dénombrerez une bonne dizaine d'espèces sur le fragment de tronc présenté ici.
Malheureusement il n'y aura pas de relevé Lichens GO sur ce site : cet érable est le seul arbre compatible avec le protocole, les autres étant de vieux marronniers dont l'écorce part en écailles ...
Sur l'érable qui portait le (peut-être) Diploicia canescens j'ai eu la surprise d'observer une belle population de survivants, incluant un grand nombre de Ramalina fastigiata. Cette espèce est classée par Kischbaum et Wirth comme "devenue rare à cause de sa faible toxitolérance" et OK, les thalles ne sont pas au mieux de leur forme, mais ils sont nombreux et bien implantés ! Est-ce que les gaz d'échappement seraient devenus moins toxiques ? Est-ce que les lichens seraient en train de s'adapter à la présence humaine ? En tout cas vous dénombrerez une bonne dizaine d'espèces sur le fragment de tronc présenté ici.
Malheureusement il n'y aura pas de relevé Lichens GO sur ce site : cet érable est le seul arbre compatible avec le protocole, les autres étant de vieux marronniers dont l'écorce part en écailles ...
Modifié en dernier par Cécile le 06 avr. 2023, 23:03, modifié 1 fois.
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Pour reposer sur un semblant de statistiques (par exemple le calcul d'une moyenne), le protocole Lichens GO exige l'observation de trois arbres sur un site donné. De plus, certaines essences sont écartées (celles dont l'écorce est trop acide, ou trop desquamante) pour que les résultats soient plus indicatifs de la qualité de l'air que des contraintes imposées par le support.
Voilà pourquoi cet unique érable ne pourra pas faire l'objet d'un relevé Lichens GO
Voilà pourquoi cet unique érable ne pourra pas faire l'objet d'un relevé Lichens GO

Bonjour tout le monde,
J'ai la chance de travailler sur la biosurveillance par les lichens et je vous apporte donc quelques éléments de réflexion pour que nous débations ensemble
Tout d'abord, attention avec les indices de pollution "généralistes", à qui on peut faire dire à peu près tout et n'importe quoi. La pollution de l'air est très diverse à travers le temps et l'espace ! Il faut donc tenir compte du contexte dans lequel on associe une espèce donnée à "la pollution" !
Sur le groupe Facebook de Lichens GO j'avais parlé des Hypogymnia, considérés il y a 50 ans comme des espèces très résistantes à la pollution (acidifiante), et aujourd'hui en déclin en milieu urbain à cause de la pollution (eutrophisante). Au delà de ces aspects liés a la pollution, certains facteurs climatiques et substratiques entrent également en ligne de compte. Il n'y a donc pas qu'une "pollution" qui explique la présence d'une espèce, mais un ensemble de facteurs à prendre en compte.
Dans le premier volet de ma thèse, j'explore cet aspect (fascinant) de la biosurveillance par les lichens en compilant des données de relevés de lichens, je vous ferai part de mes trouvailles quand j'aurai bien avancé !
Au passage, si vous connaissez des gens qui ont réalisé de tels relevés (selon le protocole AFNOR, qu'on pourrait considérer comme la version complète de Lichens GO), je suis intéressé
J'ai la chance de travailler sur la biosurveillance par les lichens et je vous apporte donc quelques éléments de réflexion pour que nous débations ensemble
Tout d'abord, attention avec les indices de pollution "généralistes", à qui on peut faire dire à peu près tout et n'importe quoi. La pollution de l'air est très diverse à travers le temps et l'espace ! Il faut donc tenir compte du contexte dans lequel on associe une espèce donnée à "la pollution" !
Sur le groupe Facebook de Lichens GO j'avais parlé des Hypogymnia, considérés il y a 50 ans comme des espèces très résistantes à la pollution (acidifiante), et aujourd'hui en déclin en milieu urbain à cause de la pollution (eutrophisante). Au delà de ces aspects liés a la pollution, certains facteurs climatiques et substratiques entrent également en ligne de compte. Il n'y a donc pas qu'une "pollution" qui explique la présence d'une espèce, mais un ensemble de facteurs à prendre en compte.
Dans le premier volet de ma thèse, j'explore cet aspect (fascinant) de la biosurveillance par les lichens en compilant des données de relevés de lichens, je vous ferai part de mes trouvailles quand j'aurai bien avancé !
Au passage, si vous connaissez des gens qui ont réalisé de tels relevés (selon le protocole AFNOR, qu'on pourrait considérer comme la version complète de Lichens GO), je suis intéressé
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Merci d'apporter ton point de vue basé sur des recherches très pointues, Hugo. Si je comprends bien ton propos, Kirschbaum et Wirth s'en tenaient toujours à la pollution acide causée par les usines (alors que leur délocalisation était bien engagée), et ne s'intéressaient pas encore aux gaz d'échappement plus riches en azote, ce que tu appelles "pollution eutrophisante" ?
Je reste quand même ébahie par la présence de plus de 10 espèces différentes sur un arbre exposé à un trafic automobile intense
Je reste quand même ébahie par la présence de plus de 10 espèces différentes sur un arbre exposé à un trafic automobile intense

Salut Cécile,
Oui je voulais surtout dire qu'il n'y a pas "une pollution", mais bien plusieurs types bien distincts.
Attention, les gaz d'échappements contiennent surtout des oxydes d'azote (NOx) et des particules fines, qui ont tendance à acidifier et à enrichir le milieu respectivement.
L'enrichissement en azote d'un milieu est surtout dû aux NH3 et NH4+ issus du secteur agricole (c'est surtout ça la pollution eutrophisante).
Les effets des oxydes d'azote (NOx) sur les lichens sont encore assez mal connus à cause des faibles concentrations concernées et de l'omniprésence de l'ammoniaque (NH3). Comme les deux polluants sont souvent présents ensemble, il est difficile de discerner les effets de l'un et de l'autre et il faut recourir à des analyses multivariées. Sandrine gombert a propose quelques espèces résistantes et sensibles aux NO2 mais son analyse porte sur seulement quelques espèces et est restreinte à la ville de Grenoble. Un bon début mais il reste du travail !
Oui je voulais surtout dire qu'il n'y a pas "une pollution", mais bien plusieurs types bien distincts.
Attention, les gaz d'échappements contiennent surtout des oxydes d'azote (NOx) et des particules fines, qui ont tendance à acidifier et à enrichir le milieu respectivement.
L'enrichissement en azote d'un milieu est surtout dû aux NH3 et NH4+ issus du secteur agricole (c'est surtout ça la pollution eutrophisante).
Les effets des oxydes d'azote (NOx) sur les lichens sont encore assez mal connus à cause des faibles concentrations concernées et de l'omniprésence de l'ammoniaque (NH3). Comme les deux polluants sont souvent présents ensemble, il est difficile de discerner les effets de l'un et de l'autre et il faut recourir à des analyses multivariées. Sandrine gombert a propose quelques espèces résistantes et sensibles aux NO2 mais son analyse porte sur seulement quelques espèces et est restreinte à la ville de Grenoble. Un bon début mais il reste du travail !
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Tu as raison, Hugo, nous avons tort de simplifier "usines -> espèces acidophiles / voitures -> espèces nitrophiles" ... mais puisque la pollution automobile est entre autres acidifiante du fait des oxydes d'azote, elle ne devrait pas suffire à expliquer le déclin de tes Hypogymnia. En tout cas, je n'observe rien de tel à Limoges. En revanche, je vois apparaître de grands secteurs nécrosés sur les emplacements de mes anciens relevés Lichens GO et je me demande s'ils ne seraient pas causés par les sautes de températures de plus en plus brutales et fréquentes, aussi bien en été qu'en hiver ...
Ghislaine, ton émotion me donne envie de faire un vrai relevé Lichens GO sur cet unique érable, rien que pour mieux évaluer le nombre d'espèces coriaces et leurs abondances respectives
Ghislaine, ton émotion me donne envie de faire un vrai relevé Lichens GO sur cet unique érable, rien que pour mieux évaluer le nombre d'espèces coriaces et leurs abondances respectives

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