Phytoconis?

Ce forum permet de montrer des photos de champignons et de discuter sur leur détermination.

Attention: ces déterminations ne permettront pas une consommation des champignons !!!
39 messages Page 1 sur 3

dada

Avatar du membre
Messages : 395
Enregistré le : 28 sept. 2009, 23:33
Localisation : Un peu partout.

Message par dada »
Je n'ai malheureusement pas pensé à observer plus en détail le substrat de ce champignon, il poussait sur le sol visible sur les photos (sol tassé par les nombreux promeneurs, terre très foncée, melée de bois morts).
Je pense à Omphalina ericetorum (phytoconis e.), mais plusieurs éléments me semblent bizarres : les lames ne sont pas fort décurentes, et le chapeau est ridé-veiné, les lames semblent avoir une arête brunâtre...
jeune O.ericetorum un peu trop sec ?
Fichiers joints
p1040418.jpg
p1040419.jpg
Modifié en dernier par dada le 05 oct. 2009, 16:53, modifié 1 fois.

Guillaume Eyssartier

Avatar du membre
Messages : 3504
Enregistré le : 24 juin 2008, 19:51

Message par Guillaume Eyssartier »
Oh non... très étrange ton truc. Pas d'idée comme ça
Biologie fongique - Expertises (Dr. Guillaume Eyssartier)

Albert

Avatar du membre
Messages : 2260
Enregistré le : 14 mai 2009, 08:00
Localisation : Loiret(Noyers)

Message par Albert »
une Xerula radicata souffreteuse...sans conviction...

Fifi

Avatar du membre
Messages : 16086
Enregistré le : 24 juil. 2006, 17:34
Association : Association Mycologique de l'Ouest
Localisation : Loire Atlantique, France

Message par Fifi »
Pericouche a écrit :
une Xerula radicata souffreteuse...sans conviction...
Je trouve l'idée bonne... la surface du chapeau rappelle bien Xerula radicata, mais alors vraiment atypique !
L'amanite phalloïde a mauvaise réputation.
C'est pourtant l'un des rares champignons qui soit capable d'abréger les souffrances des myopathes.
Pierre Desproges

Jean-Luc Picard

Avatar du membre
Messages : 3304
Enregistré le : 01 juil. 2009, 11:02

Message par Jean-Luc Picard »
Très joli. Quelle est la taille de cette chose (assez omphaloïde, en effet)?

dada

Avatar du membre
Messages : 395
Enregistré le : 28 sept. 2009, 23:33
Localisation : Un peu partout.

Message par dada »
+/- 1,5 cm

jlouis

Messages : 5366
Enregistré le : 04 juil. 2008, 10:40
Nom : Jean-Louis Besson

Message par jlouis »
dada a écrit :
+/- 1,5 cm
Bonjour

J'y verrai plus comme dada un Basidiolichen.
Pour certaine espèces comme notamment Phytoconis le thalle est peu visible, parfois, voir même absent si bien que l'espèce deviennent ainsi saprophytes, la symbiose devient facultative.
Bon mais la plupart des espèces Phytoconis d'après la clé de Ozenda et Clauzade sont des espèces Alpine voir montagnardes.
Où as tu trouvé cette espèce dada ?.

jlouis

dada

Avatar du membre
Messages : 395
Enregistré le : 28 sept. 2009, 23:33
Localisation : Un peu partout.

Message par dada »
Je l'ai trouvé dans un endroit très fréquenté par les promeneurs, dans un bois (hêtraie) en périphérie de bruxelles.
Peut-être une espèce étrangère,j'ai déjà trouvé une espèce américaine dans ces bois...

Ce champignon est cireux au toucher et élastique.

dada

Avatar du membre
Messages : 395
Enregistré le : 28 sept. 2009, 23:33
Localisation : Un peu partout.

Message par dada »
Pas xerula radicata, en raison de la taille, le pied radicant (ici légèrement plus épais que le stipe, non radicant),...

jlouis

Messages : 5366
Enregistré le : 04 juil. 2008, 10:40
Nom : Jean-Louis Besson

Message par jlouis »
dada a écrit :
Je l'ai trouvé dans un endroit très fréquenté par les promeneurs, dans un bois (hêtraie) en périphérie de bruxelles.
Peut-être une espèce étrangère,j'ai déjà trouvé une espèce américaine dans ces bois...

Ce champignon est cireux au toucher et élastique.

Voici un extrait de la clé de Ozenda et Clausade avec une description de Phytoconis ericetorum qui me parait le plus plausible, mais voir aussi Phytoconis viridis qui pourrait ??

Une chose me gène dans la description c'est l'aspect cireux au toucher mais surtout élastique...et qui est donné fragile par Ozenda.
L'habitât néanmoins semble assez correct.
Le dessus du chapeau semble correspondre avec. La taille aussi
Si des personnes ont le Phillips ou le Cetto sous la main il serait bon de regarder quand même. Je n'ai pas le Cetto et le Phillips est au font du garage.!
Merci
jlouis
Basidiolichen.jpg

jlouis

Messages : 5366
Enregistré le : 04 juil. 2008, 10:40
Nom : Jean-Louis Besson

Message par jlouis »
Re...
j'ai regardé un peu dans la bible Ozenda et j'ai trouvé une espèce très interressante Photoconis luteolilacina (toujours dans le Gr. ericetorum) mais à lames non décurentes.

voici un petit extrait de la bible( encadré pour mettre en évidence) .

Jlouis
Basidiolichen 2.jpg

Guillaume Eyssartier

Avatar du membre
Messages : 3504
Enregistré le : 24 juin 2008, 19:51

Message par Guillaume Eyssartier »
Non non, il n'est pas possible que ce soit un basidiolichen. D'ailleurs, tous les basiolichens à lamelles sont aujourd'hui groupés dans le genre Lichenomphalia, et ils ne sont jamais saprophytes, même lorsque le thalle n'est pas bien visible. La symbiose est obligatoire.

La meilleure hypothèse est celle d'Albert à mon avis (un Xerula bizarre).
Biologie fongique - Expertises (Dr. Guillaume Eyssartier)

jlouis

Messages : 5366
Enregistré le : 04 juil. 2008, 10:40
Nom : Jean-Louis Besson

Message par jlouis »
Salut Guillaume
D’après Les basidiolichens européens.
Par Clother COSTE et Alain ROYAUD
Sous le contrôle de Mr Pierre COLLIN (Sannois) et Mr Henri REY

Je site :
« Dans des conditions écologiques bien particulières, il est clairement démontré que
certains lichens perdent facilement leurs "algues" et deviennent ainsi saprophytes. Il
en est de même pour les basidiolichens, si bien que Multiclavula mucida ,
Omphallina umbellifera , Omphalina luteovitellina s'observent souvent sans
"algues" ».

« Néanmoins Mr Pierre COLLIN (Sannois) nous fait remarquer
Que, riche de dix années d'étude sur Omphalina umbellifera (: Phytoconis
ericetorum), il n'a jamais vu ce basidiolichen sans thalle »

D’après Mr Collin il est clair que ses travaux peuvent contrecarrer cette notion de "Symbiose facultative", en tout cas pour O. umbellifera. Mais quand est-il des autres lichen… ?
Et je suivrais ton avis au moins en habitât dit "normal" comme ici ! Pourtant la description est assez ressemblant...? Je parle bien sur de O. luteolilacina.

Pour ma part j'accepterai l'idée d'un Xerula ...que sous la torture !! hé hé.
Non franchement on voit ici la base du pied (un net petit moignon). De plus n'a t'on jamais vu un Xerula avec les lames ci espacées..?

jlouis

jlouis

jlouis

Messages : 5366
Enregistré le : 04 juil. 2008, 10:40
Nom : Jean-Louis Besson

Message par jlouis »
Il me semble que le nom valide de O. luteolilacina cité plus haut est maintenant Lichenomphalia hudsoniana où autour de ce taxon car ce Gr. seul ont un thalle de type Coriscium.

Les lames sont donné épaissent ?? Carpophore jaune vif à ochracée..et lames peu décurrentes (chez ozenda)

jlouis

Guillaume Eyssartier

Avatar du membre
Messages : 3504
Enregistré le : 24 juin 2008, 19:51

Message par Guillaume Eyssartier »
Les Lichenomphalia ne ressemblent pas du tout à ça, vraiment. Comme je sais que tu t'intéresses aux lichens (aussi !), je te joins une partie d'un article que j'ai publié il y a quelques temps et qui te donnera quelques pistes de lecture :

La symbiose lichénique
Les lichens sont des organismes chimériques (SELOSSE, 2000) formés par l’association d’un champignon et d’une algue ou d’une cyanobactérie . Cette symbiose les rend bien adaptés aux conditions climatiques difficiles, en particulier à celles des climats arctiques (OHENOJA, 1971 ; HØILAND, 1987). Pour plus de 98 % d’entre eux, le partenaire fongique (nommé parfois « mycobionte ») est un ascomycète et, d’un autre côté, plus de 40 % des ascomycètes sont lichénisés (HAWKSWORTH et coll., 1995). Il a été démontré que cette association symbiotique est apparue plusieurs fois de façon indépendante au cours des temps géologiques (GARGAS et coll., 1995) : les lichens, tels que nous concevons ce groupe aujourd’hui sont donc manifestement polyphylétiques.
La symbiose lichénique chez les basidiomycètes lamellés semble par contre n’être apparue qu’une seule fois (OBERWINKLER, 1984 ; REDHEAD & KUYPER, 1987 ; GARGAS et coll., 1995 ; LUTZONI & VILGALYS, 1995 ; MONCALVO et coll., 2002 ; REDHEAD et coll., 2002) . Elle est aussi apparue au moins deux autres fois chez les homobasidiomycètes (voir GARGAS et coll., 1995 ; MONCALVO et coll., 2002), dans les genres Dictyonema C. Agardh et Kunth (Atheliaceae) et Multiclavula R. H. Petersen (Cantharellaceae). Certains champignons « imparfaits » sont aussi lichénisés, comme ceux appartenant aux genres Blarneya D. Hawksw., Coppins et P. James et Cystocoleus Thwaites. Cette association semble en outre être stable alors que, chez les ascomycètes, la majorité des genres actuels non symbiotes proviendraient d’ancêtres lichénisés (LUTZONI et coll., 2001).
Les actuelles « Omphalina » vivant en symbiose sont donc toutes issues d’un ancêtre commun direct — elles sont monophylétiques — et il est raisonnable de leur appliquer un nom de genre propre. Le nom Phytoconis Bory a été proposé par REDHEAD & KUYPER (1987), mais il a été rejeté dans la dernière version du Code de nomenclature botanique, tout comme Botrydina Bréb. et Coriscium Vain. (GREUTER et coll., 2000).

Le genre Lichenomphalia
REDHEAD et coll. (2002, p. 30 et 36) ont proposé le nom Lichenomphalia pour les basidiolichens ayant pour partenaire fongique un champignon omphaloïde (type Lichenomphalia hudsoniana (Jennings) Redhead, Lutzoni, Moncalvo et Vilgalys), avec la diagnose suivante :

Basidiomata omphaliformis. Lichenisatus. Trama lamellarum bidirectionalis, hyphis defibulatis, cystidia nulla. Sporis albis, inamyloideis.


À la lecture de ces quelques lignes, on peut être surpris par la description de la trame lamellaire notée « bidirectionalis », ce que l’on doit pouvoir traduire en français par « bidirectionnelle ». Nos propres observations, ainsi que l’ensemble des descriptions publiées d’espèces appartenant à ce genre que nous avons eu l’occasion de consulter , font état de trames nettement emmêlées. En réalité, ce terme a été proposé par CLÉMENÇON (1982, p. 198) pour désigner la structure particulière de la trame hyménophorale des genres Gerronema Singer, Haasiella et Phytoconis (voir aussi CLÉMENÇON, 1997) :

« Es zeigt sich, daß in der Lamellentrama dieser Pilze parallel laufende Hyphen wie einer regulären oder subregulären Trama vorkommen, die vom Lamellengrund zur Schneide ziehen, daß daneben aber auch zahlreiche Hyphen quer dazu angeordnet sind. Diese sind stellenweise so häufig, daß tatsächlich lokal eine irreguläre Trama vorzuliegen scheint. […] Ich shlage deshalb für diese Struktur die Bezeichnung “bidirektionelle Lamellentrama” vor ».

La trame « bidirectionnelle » est donc un type particulier de trame emmêlée au sens de JOSSERAND (1983) et, pour éviter la confusion avec les trames bilatérales bien connues, nous proposons de la nommer en français « entrecroisée ».
Le genre Lichenomphalia comporte aujourd’hui huit ou neuf espèces en Europe, suivant que l’on considère Omphalina meridionalis Contu et La Rocca comme synonyme de Lichenomphalia grisella (P. Karst.) Redhead, Lutzoni, Moncalvo et Vilgalys (REDHEAD et coll., 2002) ou bien comme espèce distincte (CONTU & LA ROCCA, 1999 ; BARRASA & ESTEVE-RAVENTOS, 2000 ; BARRASA & RICO 2001). Notons à ce sujet que LUTZONI (1997) a démontré que sous le nom de L. grisella (P. Karst.) Redhead, Lutzoni, Moncalvo et Vilgalys se cachaient probablement plusieurs taxons distincts difficiles à dissocier les uns des autres.
L’algue associée est toujours Coccomyxa icmadophilae Jaag (LUTZONI & VILGALYS, 1995 ; REDHEAD et coll., 2002), et les thalles des lichens correspondants sont crustacé-granuleux et correspondent à l’ancien genre Botrydina , ou squamuleux et étaient jadis placés dans le genre Coriscium. JØRGENSEN (1989) a aussi décrit un Omphalina foliacea P. M. Jørg. à thalle nettement foliacé, mais aucun carpophore de cette espèce n’a à ce jour été récolté, et l’appartenance de cette espèce au genre Lichenomphalia reste donc à démontrer. Il semble, à ce propos, que les thalles vésiculeux-globuleux représentent un caractère ancestral par rapport aux thalles squamuleux, manifestement apparus plus récemment dans ce groupe (LUTZONI & VILGALYS, 1995).
L’association lichénique entraîne une accélération générale de l’évolution du génome du champignon , probablement due au fait que le mycélium, normalement souterrain, se retrouve soudain à la surface du sol et donc exposé à la déshydratation, au rayonnement solaire et aux ultraviolets (LUTZONI & PAGEL, 1997).
La parthénogenèse est sans doute la règle dans la reproduction de ces espèces lichénisés (LAMOURE, 1968, 1969, 1993 ; LUTZONI & VILGALYS, 1995 ; LUTZONI & PAGEL, 1997) : la grande majorité des carpophores sont uninucléés et tétrasporiques, bien qu’il existe des carpophores dicaryotiques morphologiquement inséparables (LAMOURE, 1993). Il semble que la sélection de la reproduction asexuée pour au moins un des partenaires soit inhérente à la vie symbiotique, tout comme la sélection de la reproduction sexuée pour les deux organismes est inhérente au parasitisme (LAW & LEWIS, 1983 ; LUTZONI & VILGALYS, 1995).

Lichenomphalia alpina, histoire du nom

Agaricus alpinus a été décrit par BRITZELMAYR (1890, p. 13) de façon tout à fait lapidaire. Le texte particulièrement court se résume à :

« alpinus, 8, 10 : 3, 4; 2, z; 2 : 0.2; 2 : 0.2, V, f. A., 0.1; 257; w. gelb.; w.; dotterg.; Hochmoore in den Alpen ».

Heureusement l’auteur (loc. cit., p. 4) nous donne la signification de ces abréviations assez absconses, et cette description peut être en quelque sorte « traduite » de la façon suivante :

Agaricus alpinus : chapeau jaune d’œuf, de 2 cm de diamètre, convexe, un peu creusé au centre sur une profondeur de 0,2 cm ; lames blanc jaunâtre, larges tout au plus de 2 cm, plutôt serrées ; pied blanc, mesurant 2 × 0,2 cm ; chair du chapeau épaisse de 0,1 cm ; spores 8–10 × 3–4 µm ; espèce illustrée par la figure no 257 des Hymenomyceten aus Südbayern ; Marais, dans les Alpes.

Deux figures ont été publiées par le même auteur : l’une (fig. 257) avec la description originale et désignée comme lectotype par JØRGENSEN & RYMAN, (1989), l’autre trois ans après (BRITZELMAYR, 1893, fig. 536). Toutes deux montrent un petit champignon omphaloïde, uniformément jaune vif, à spores nettement cylindracées.
En 1945, MØLLER décrit « Omphalia flava (Cooke pro var.) sp. n. » en reconnaissant son espèce dans la planche de COOKE (1881-1891, pl. 260) représentant « Omphalia umbellifera var. flava Cooke ». La forme des spores n’est pas décrite mais, sur les dessins, elles apparaissent nettement allongées et parfois presque cylindriques. Quelques neuf années plus tard, PILÁT & NANNFELDT (1954) proposent le nom Omphalia luteovitellina Pilát & Nannf. pour ce même taxon, et suggèrent Cantharellus dovrefjeldiensis P. Henn. et Kirschst. comme synonyme probable.
Si, d’une part cette synonymie venait à être acceptée, ce qui est tout à fait possible et que, d’autre part, on émettait quelques doutes sur la synonymie entre Agaricus alpinus et Omphalia luteovitellina , le seul nom disponible, valide et légitime pour ce dernier taxon serait celui proposé par HENNINGS & KIRSCHSTEIN (dans HENNINGS, 1902). Pour sauvegarder l’usage, et parce qu’ils sont convaincus que Agaricus alpinus et Omphalia luteovitellina ne forment qu’une seule et même espèce, REDHEAD et coll. (2002, p. 37) ont désigné comme épitype du nom de Britzelmayr l’holotype de O. luteovitellina. Le nom correct pour notre récolte est donc bien Lichenomphalia alpina.

Notes sur des caractères microscopiques inédits

– Les hyphes amyloïdes
À notre connaissance, les hyphes amyloïdes et noduleuses que nous avons observées sur chacune de nos récoltes de L. alpina n’avaient jamais été décrites dans les Agaricomycetidae.
Nous avons réalisé, sur des exemplaires frais de L. alpina récoltés lors de notre dernier séjour au Svalbard, de fines coupes de la base des pieds en prenant soin d’englober dans la coupe une partie du support, essentiellement constitué des granules verts du thalle : l’observation microscopique révèle que les hyphes amyloïdes entourent les cellules algales, et peuvent ensuite être suivies dans le pied sur une longue distance. Il est donc possible que ces hyphes s’enrichissent, au contact du partenaire photosynthétique, en une substance amylacée dont la nature précise nous est inconnue.

– Les ébauches de boucles ou éperons
Malgré des observations répétées, nous n’avons décelé aucune boucle sur notre récolte de Lichenomphalia alpina. D’ailleurs, le caractère « absence de boucles » est considéré, au sein des champignons omphaloïdes morphologiquement apparentés, comme typique pour le genre Lichenomphalia (LUTZONI & VILGALYS, 1995). Par contre, nous avons nettement observé, sur toutes nos récoltes, notamment à la base des basides, des prolongements cytoplasmiques plus ou moins développés, souvent réduits à une simple hernie mais parfois aussi en demi anse. Ces prolongements ne sont pas sans rappeler ceux que FICHET (dans KÜHNER et coll., 1962a, p. 152) a nommés « pseudo-crochets » ou « fausse boucle » lors de son étude du mycélium d’un haplonte de Hohenbuehelia longipes (Boud.) Moser. Comme nous n’avons pas réalisé l’étude caryologique de nos collections, nous ne savons pas si nous sommes en présence de carpophores uninucléés ou dicaryotiques, et ne pouvons donc faire de relation entre ces prolongements et le stock nucléaire des spécimens qui les forment. Néanmoins, nous avons observé ces mêmes ébauches de boucles sur une récolte de Denise Dailly-Lamoure, datée du 28 juillet 1967, que l’on sait être parthénogénétique… Si cette comparaison paraît séduisante au premier abord, elle n’est hélas guère pertinente lorsque l’on prend le temps d’analyser en détail l’étude réalisée par FICHET (loc. cit.). Celui-ci décrit en effet des structures qui rappellent globalement les nôtres, mais les prolongements se font, dans le sens de l’élongation de l’hyphe, depuis l’avant-dernière cellule vers la cellule terminale. Ce ne sont donc pas des ébauches de boucles mais bien, comme l’a expliqué FICHET (loc. cit., p. 150), le résultat d’une croissance singulière « en pince » des extrémités des hyphes : « le noyau s’engage dans un des mors de la pince qui, seul, continue sa croissance ».
Il est possible que ces prolongements n’aient pas de rôle ni de signification particulière, comme cela semble être le cas pour ceux qui apparaissent chez un autre haplonte lui aussi étudié par FICHET (dans KÜHNER et coll., 1962b, p. 267). Nous pensons, néanmoins, qu’il fallait attirer l’attention sur ce caractère manifestement peu commun chez les Agaricomycetideae.
Notons que ces prolongements ont été aussi nommés « éperons » par Kühner (cité par JOSSERAND, 1983, p. 245 et 275) : c’est ce terme que nous retiendrons dans la suite de ce texte.

Les autres Lichenomphalia

Il était important de savoir si ces hyphes amyloïdes et ces éperons étaient, ou non, présents sur les autres Lichenomphalia. Nous les avons donc recherché sur d’autres récoltes, issues de notre herbier personnel ou des herbiers de correspondants et amis (pour les clés dichotomiques des omphales lichénisées, voir HØILAND, 1987, WATLING in PURVIS et coll., 1992 et BARRASA & RICO, 2001).

– Lichenomphalia grisella (P. Karst.) Redhead, Lutzoni et Vilgalys
Aucune hyphe amyloïde ni éperons décelés. Il est probable que cette Lichenomphalia ait été notée au Svalbard sous le nom de « Omphalina velutina » (GULDEN & TORKELSEN, 1996, p. 193).

– Lichenomphalia hudsoniana (Jennings) Redhead, Lutzoni et Vilgalys
(Syn. Omphalina luteolilacina Favre, selon REDHEAD & KUYPER, 1987).
Les deux récoltes de cette espèce nous ont montré des hyphes amyloïdes très nettes, en particulier vers la base du pied. Nous n’avons, par contre, observé aucun éperon.

– Lichenomphalia umbellifera (L. : Fr.) Redhead, Lutzoni et Vilgalys
(Syn. Agaricus ericetorum Pers. : Fr., selon REDHEAD & KUYPER, 1987).
Aucune hyphe amyloïde ni éperons décelés.

– Lichenomphalia velutina (Quél.) Redhead, Lutzoni et Vilgalys
Aucune hyphe amyloïde ni éperons décelés. Notons au passage que nous utilisons le nom « L. velutina » pour définir le groupe des omphales lichénisées brunes ou brun-gris, à pied villeux et pigment nettement incrustant, dont fait partie, entre autres, L. grisella. Comme nous l’avons déjà dit et ainsi que le notent REDHEAD & KUYPER (2002) suite aux remarques de LUTZONI (1997), il est fort probable que plusieurs taxons puissent être reconnus dans ce groupe. C’est pour cela que nous avons préféré conserver sous leur nom original, dans cet article, les récoltes de Denise Dailly-Lamoure identifiées comme Omphalina grisella, même s’il est possible qu’elles ne soient pas distinctes de celles que nous nommons L. velutina. C’est d’ailleurs sous le nom Omphalina grisella que « O. velutina au sens de Gulden » apparaît dans la clé de BON (1997, p. 123).

Il semble donc que ces hyphes amyloïdes n’existent que chez les espèces jaunes, et on pourrait donc penser que L. alpina et L. hudsoniana forment un groupe homogène et bien dissocié des autres omphales lichénisées de couleurs plus ternes (voir aussi LUTZONI & VILGALYS, 1995). Pourtant, L. alpina forme un thalle crustacé-granuleux (de type Botrydina), alors que celui de L. hudsoniana est squamuleux (type Coriscium).
De nouvelles études comparatives permettront sans doute de préciser les affinités des espèces à l’intérieur de ce genre très intéressant.

Récoltes étudiées :
– Lichenomphalia alpina. — NORVÈGE, Hardanger, aux environs de Gol Raggsteindal Norobotman, le 28 juillet 1967, herb. pers. D. Dailly-Lamoure ; SVALBARD, Longyearbyen, sous le glacier Longyearbren, le plus souvent sur la terre nue, toujours avec les bulbilles de Botrydina, observé à plusieurs endroits, le 26 juillet 2004, no 04.029 ;
– Lichenomphalia grisella. — AUTRICHE, Tyrol, Hohe Mut, Obergurgl, alt. 2300 m, le 28 août 1975, herb. pers. D. Dailly-Lamoure ; idem, le 28 août 1975, herb. pers. D. Dailly-Lamoure ;
– Lichenomphalia hudsoniana. — NORVÈGE, Hardanger, aux environs de Hangastøl Dupjörn, le 31 juillet 1967, herb. pers. D. Dailly-Lamoure (sous le nom « Omphalina luteolilacina ») ; Suède, Abisko, « Open Areas », le 20 juillet 1967, herb. pers. D. Dailly-Lamoure (sous le nom « Omphalina luteolilacina »).
– Lichenomphalia umbellifera. — SVALBARD, Longyearbyen, sous le glacier Longyearbren, sur les flancs des grandes mousses en train de pourrir, le 26 juillet 2004, no 04.031 ; idem, Nybyen, sur la pelouse alpine derrière le bâtiment 102, au sommet des mousses, le 4 août 2004, no 04.138 ; idem, au sommet des mousses vivantes, le 5 août 2004, no 04.149 ;
– Lichenomphalia velutina. — SVALBARD, Longyearbyen, sous le glacier Longyearbren, le plus souvent sur la terre nue, toujours avec les bulbilles de Botrydina, le 26 juillet 2004, no 04.011 ; idem, sous le glacier Larsbren, le 27 juillet 2004, nos 04.032, 04.033.

CONCLUSION
Proposition de clé pour les Lichenomphalia du Svalbard

1. Thalle squamuleux, de type Coriscium ; hyphes amyloïdes présentes : L. hudsoniana
1. Thalle granuleux, de type Botrydina ; hyphes amyloïdes présentes ou non 2
2. Espèce entièrement jaune vif ; hyphes amyloïdes présentes : L. alpina
2. Espèces différemment colorées ; hyphes amyloïdes absentes 3
3. Espèce blanchâtre, crème ou crème jaunâtre, parfois un peu grisâtre ou lilas en haut du pied ; sur les mousses et les sphaignes : L. umbellifera
3. Espèce à chapeau et pied bruns, et lames crème ; en général sur le sol nu : L. velutina sensu lato
Biologie fongique - Expertises (Dr. Guillaume Eyssartier)
39 messages Page 1 sur 3