Oudemansiella ?

Ce forum permet de montrer des photos de champignons et de discuter sur leur détermination.

Attention: ces déterminations ne permettront pas une consommation des champignons !!!
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morris

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Message par morris »
bonjour à tous
je connais bien O. radicata sous hêtres mais j'ai ete surpris de trouvé ce champignon en plein pré sur terre argileuse, plus loin des chênes pubescents.
le pied est chiné.
bizarre ou pas?
merci
Fichiers joints
DSC07042.JPG

morris

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Message par morris »
bonjour à tous
je me permet de relancer ce vieux sujet.
une idée SVP

Hyperide


Message par Hyperide »
E. LUDWIG (Pilzcompendium 1) signale que le pied de radicata peut être floconneux/ écailleux, ce qui expliquerait l'aspect chiné.Quant à l'habitat, occasionnellement,selon lui, le chêne peut remplacer le hêtre.E. HORAK( Rohrlinge und Blatterpilze in Europa) décrit aussi le pied comme Ludwig.

Philippe Dufour.


Message par Philippe Dufour. »
Non, pas génant.
Il y a certainement du bois dessous (ancienne souche enterrée). Le grisé du stipe est courant pour cette espèce.
Il existe une fm. arrhiza que je ne connais pas (peut-être que Guillaume..)
Xerula pudens (espèce proche) a un stipe bien plus coloré et strigueux. Attention,je pense que le genre Oudemansiella est redevenu Xerula.
Donc, Xerula radicata

Philippe

Hyperide


Message par Hyperide »
Ce changement de nom repose sur un véritable contresens étymologique.XEROS signifie sec en Grec ancien. Quand on sait que la cuticule de ce champignon est visqueuse(ixohyméniforme), on ne comprend pas pourquoi on ne l'a pas gardée dans les OUDEMANSIELLA en compagnie de la très visqueuse mucida.

Guillaume Eyssartier

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Message par Guillaume Eyssartier »
Ce changement de nom repose sur un véritable contresens étymologique.XEROS signifie sec en Grec ancien. Quand on sait que la cuticule de ce champignon est visqueuse(ixohyméniforme),
Encore une fois, il faut distinguer systématique et nomenclature. Dans le cas présent, le genre Oudemansiella a comme type nomenclatural Agaricus platensis, que l'on connaît aujourd'hui sous le nom d'Oudemansiella canarii, taxon très proche de notre O. mucida. Le genre Xerula a, quant à lui, comme type Agaricus longipes (syn. Xerula longipes). Or il a été démontré depuis fort longtemps que "O. mucida" et "X. longipes" n'ont morphologiquement pas grand-chose en commun (ce qui n'est une surprise pour personne), et qui plus est ces deux groupes forment des ensembles monophylétiques et bien séparés : il est donc nécessaire de leur attribuer deux noms de genres différents, et l'espèce-type contenue dans le groupe donne le nom générique du groupe entier.

De plus, ici, se greffe là-dessus un autre contresens, qui est celui de vouloir faire coller étymologie et sens des mots, ce qui repose sur un état de la science linguistique très antérieur à Saussure, qui fait appel à la vision d'une langue "parfaite" qui n'existe pas pour la bonne raison qu'elle ne peut pas exister (je conseille, pour tous ceux que ce sujet intéresse, la lecture de l'ouvrage de la linguiste Marina Yaguelo intitulé Les Langues imaginaires : mythes, utopies, fantasmes, chimères et fictions linguistiques, aux éditions du Seuil). Il n'y a donc aucun contresens à nommer Xerula des champignons à chapeau visqueux (cela revient à regretter que toutes les espèces du genre n'aient pas toutes les mêmes caractéristiques !), pas plus qu'il n'y a de contresens à nommer Russula cyanoxantha une espèce qui n'est jamais "bleue et jaune"... et pour aller plus loin, pas plus qu'il n'y a de contresens à ne pas avoir de pain dans son panier, à ne pas arracher avec les dents un morceau de champignon, ou encore à ne pas avoir de bure dans son bureau. L'usage a force de loi, et le progrès des connaissances impose parfois des usages qui semblent contradictoires : c'est ainsi, il faut le comprendre et l'accepter.
on ne comprend pas pourquoi on ne l'a pas gardée dans les OUDEMANSIELLA en compagnie de la très visqueuse mucida.
Parce qu'elles n'ont rien à faire ensemble, tout simplement.

Amitiés, Guillaume.
Biologie fongique - Expertises (Dr. Guillaume Eyssartier)

Hyperide


Message par Hyperide »
Je comprends ton raisonnement.Tu as raison.Pour ma "défense" je dirai quand même que j'ai toujours su que l'étymologie ne suffit pas pour définir le sens d'un mot et en approfondir les nuances et les évolutions de sens mais j'avoue que je suis resté stupéfait,TOUT COMME M. BON, lorsque Antonin et Noordeloos ont appelé Gymnopus peronatus ou Gymnopus hariolorum des collybies bien connues dont le pied présente une base hérissée (Vestipedes de Fries).

Guillaume Eyssartier

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Enregistré le : 24 juin 2008, 19:51

Message par Guillaume Eyssartier »
je suis resté stupéfait,TOUT COMME M. BON, lorsque Antonin et Noordeloos ont appelé Gymnopus peronatus ou Gymnopus hariolorum des collybies bien connues dont le pied présente une base hérissée
Il faut bien dire que Marcel (et cela n'enlève rien à ses immenses qualités que nous connaissons tous) n'a jamais compris grand-chose à la nomenclature et, pour tout dire, il s'en foutait même royalement (je tiens ça de sa bouche). Cela n'a aucune importance, mais sa réflexion est on ne peut plus naïve : ce n'est pas Antonin et Noordeloos qui ont décidé d'appliquer ce nom à ces collybies. Il se trouve que c'était le plus ancien nom disponible une fois que l'on a séparé les vraies collybies (groupe de C. tuberosa, C. racemosa exclue aujourd'hui placée dans le genre Dendrocollybia) des autres champignons "collybioïdes", ce qui est une bonne chose car cette séparation met en évidence des affinités phylogénétiques. Il est possible que leur définition du genre Gymnopus soit pour l'instant trop large, et qu'elle soit réduite dans l'avenir aux espèces les plus affines à G. fusipes, mais on ne peut guère leur reprocher de ne pas avoir deviner ce que personne avant eux n'avait imaginé...

De la même façon, aujourd'hui les mycènes du groupe de "Mycena" pura sont placés dans le genre Prunulus...

Amitiés, Guillaume.
Biologie fongique - Expertises (Dr. Guillaume Eyssartier)
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