Je vous lis souvent, mais pas trop le temps d'intervenir... malheureusement !
Je le fais ici, car les discussions que je viens de lire font, me semble-t-il, des amalgames qui entraînent des incompréhensions. Est-ce qu'utiliser la nouvelle classification est plus "sérieux" qu'utiliser la précédente, ou celle d'encore avant, ou celle de Linné ? Voilà une question qui demande bien des développements... et je vais être trop court, mais j'espère que cela fera réfléchir.
Tout d'abord, et bien malheureusement, les scientifiques qui publient aujourd'hui de la phylogénie moléculaire sont souvent d'excellents mycologues, mais en règle générale de très mauvais phylogénéticiens. Je tiens à dire ici que
de très nombreux articles publiés ne devraient pas l'être, étant donné la faiblesses des analyses phylogénétiques sous-jacentes (permettez-moi de ne nommer personne). C'est le point le plus irritant, aujourd'hui, de toutes ces recherches : et pour preuve de ce que je dis, à chaque fois qu'un de ces articles est soumis à un comité de lecture compétent (composé de véritables phylogénéticiens, qui analysent les alignements, qui connaissent les algorithmes, qui sont aussi des biomathématiciens ou qui s'entourent de biomathématiciens), il est refusé... Alors les auteurs publient ailleurs, dans des revues où ils sont certains que seule la vue d'un arbre leur assure derechef une publication de rang A. C'est à proprement parlé dramatique... La phylogénétique souffre de sa vulgarisation : n'importe qui peut aujourd’hui faire faire des séquences, peut les "aligner" sur Internet, établir des arbres, et les publier comme parole d'évangile... et, hélas, n'importe qui le fait. Il faut donc, plus que jamais aujourd’hui, être prudent sur les retombées de ces articles publiés à la va-vite.
Ensuite, pour ne parler que des articles qui tiennent la route (très très peu nombreux), ils répondent au nouveau cahier des charges de la classification, établi par Darwin en 1859 : pour être scientifique (donc réfutable), une classification doit rendre compte de l'évolution des espèces. Sinon, pourquoi choisir une classification plutôt qu'une autre ? Comment faire le tri ? Pourquoi choisir la classification de la
Flore analytique, plutôt que celle de Fries, ou de Patouillard ? Le corollaire de ce nouveau paradigme est que la nomenclature doit suivre la classification et donc que nous devons nous adapter aux changements lorsqu'ils disent quelque-chose de la façon dont nos organismes préférés ont évolué. Utiliser les anciens noms n'est pas être "ringard", ni même "dépassé" dans la mesure où l'on sait expliquer que, par exemple, le Coprin chevelu n'a pas d'affinité directe avec de nombreux autres coprins, qui sont plus proches des psathyrelles. Garder en tête que l'identification n'est qu'un pas vers la compréhension d'un phénomène plus compliqué que ce qui transparait d'observations rapides, et que la compréhension est freinée, voire totalement impossible, si l'on n'utilise pas les bons noms.
Pour ce qui concerne le Xerocom[ell]us

, je suis d'accord avec ripariellus.
Amitiés, Guillaume.