Plage supra apiculaire
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Bonjour
Chez certaines espèces, les badidiospores ont une zone bien différentiée sur la paroi au voisinage de l'apicule. Chez les russules, elle est lisse et amyloïde. Chez certaines espèces à paroi ornementée, elle est lisse et bien délimitée.
Est-ce que l'un de vous a une interprétation expliquant ce type de plage ?
J'ai en tête que c'est une trace du contact avec une spore voisine sur la baside mais je viens de me demander d'où je sors ça. Je l'ai lu ? entendu ? juste imaginé ?
Merci d'avance
Pascal
Chez certaines espèces, les badidiospores ont une zone bien différentiée sur la paroi au voisinage de l'apicule. Chez les russules, elle est lisse et amyloïde. Chez certaines espèces à paroi ornementée, elle est lisse et bien délimitée.
Est-ce que l'un de vous a une interprétation expliquant ce type de plage ?
J'ai en tête que c'est une trace du contact avec une spore voisine sur la baside mais je viens de me demander d'où je sors ça. Je l'ai lu ? entendu ? juste imaginé ?
Merci d'avance
Pascal
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02 févr. 2020, 19:17Pascal35 a écrit : BonjourJean Keller en donne une explication dans son Atlas des basidiomycètes :
Chez certaines espèces, les badidiospores ont une zone bien différentiée sur la paroi au voisinage de l'apicule. Chez les russules, elle est lisse et amyloïde. Chez certaines espèces à paroi ornementée, elle est lisse et bien délimitée.
Est-ce que l'un de vous a une interprétation expliquant ce type de plage ?
J'ai en tête que c'est une trace du contact avec une spore voisine sur la baside mais je viens de me demander d'où je sors ça. Je l'ai lu ? entendu ? juste imaginé ?
Merci d'avance
Pascal
Jean Keller a écrit : Les basidiospores chues sont souvent pourvues d'une proéminence basale nommée apicule et qui représente la partie primitive de la spore, soit le reste encore visible de l'apophyse. Sur cet apicule apparaissent parfois les cicatrices du point d'attache sur le stérigmate et que l'on appelle hiles.Est-ce bien de ça que tu parlais ?
Mycologue intégriste radicalisé.
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02 févr. 2020, 20:06Nommo a écrit : Justement chez les russules cette plage est plus souvent nommée supra-hilaire.Ce qui avait le don d'agacer Marchand, qui trouvait que l'on pouvait faire bien plus simple!!! (Marchand, Tome 5, Les Russules, page 9). Inutile de dire que je suis en parfait accord avec lui.
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Ce sont de 'vieilles' appellations qui reposaient sur un mauvais emploi de hile dû à une mauvaise compréhension de la zone de rupture spore/stérigmate.
Josserand explique page 269 de "la description des champignons supérieurs" pourquoi il faut rejeter les expressions 'plage hilaire', 'dépression hilaire', tache hilaire', 'plage supra-hilaire' et préférer plage supra-apiculaire.
Josserand explique page 269 de "la description des champignons supérieurs" pourquoi il faut rejeter les expressions 'plage hilaire', 'dépression hilaire', tache hilaire', 'plage supra-hilaire' et préférer plage supra-apiculaire.
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02 févr. 2020, 21:21Pascal35 a écrit : Ce sont de 'vieilles' appellations qui reposaient sur un mauvais emploi de hile dû à une mauvaise compréhension de la zone de rupture spore/stérigmate.Oui, ou plus simplement encore «plage». Un russulologue ou même un mycologue non spécialisé en russules saura parfaitement de quoi on parle.
Josserand explique page 269 de "la description des champignons supérieurs" pourquoi il faut rejeter les expressions 'plage hilaire', 'dépression hilaire', tache hilaire', 'plage supra-hilaire' et préférer plage supra-apiculaire.
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Bonjour
Cette question n'a pas mobilisé les foules des différents forums sur lesquels je l'ai posée. Voici cependant ce que j'ai trouvé.
La première chose à remarquer c’est que ce type de plage ne s’observe que sur des espèces qui éjectent activement leur spores. Le mécanisme de l’éjection repose sur la formation d’une goutte à la base de la spore justement à proximité de la plage. Cette goutte est nommée ‘goutte de Buller’ bien que ce soit Fayod qui l’ait décrite le premier en 1889. Quand la goutte est assez grosse elle s’étale sur la plage en provoquant un brusque déplacement du centre de gravité et donc l’éjection de la spore. Le mécanisme d’éjection est très clairement décrit sur le site mycoquebec :
http://blog.mycoquebec.org/blog/le-meca ... nomycetes/
Très bien ! Notre plage semble bien liée à la goutte de Buller. Mais est-ce un caractère sélectionné par l’évolution pour favoriser l’éjection ou le résultat de l’étalement brusque de la goutte ?
Lecomte 2015 semble retenir la deuxième hypothèse. Clemençon 2012, page 196, semble retenir la première avec prudence ‘It is possible that the plage is functional in the active spore liberation’.
Malgré une recherche assez longue, je n’ai pas trouvé de réponse nette sur cette question. Néanmoins, je trouve séduisante l’hypothèse d’un caractère sélectionné par l’évolution pour maîtriser la force d’éjection des spores.
Références :
Lecomte M 2015. "Les russules". https://www.amfb.eu/Publications/2014/Les-russules.pdf
Clemençon H 2012. « Cytology and plectology of the hymenomycetes ». Edition Gebr. Borntraeger, Stuttgart.
Pour les curieux, amateurs de questions qui commencent par pourquoi :
"Gone with the wind, a review on basidiospores of lamellate agarics". Mycosphere 6(1), 78–112 http://www.mycosphere.org/pdf/Mycosphere_6_1_10.pdf est une synthèse très intéressante sur l’interprétation biologique des caractéristiques morphologiques des spores. Pourquoi certaines spores ont une paroi fine tandis que d’autres ont une paroi épaisse ? Pourquoi certaines sont de couleur foncée ? Pourquoi certaines ont une surface ornementée (verrues, épines…) ? …
Pascal
Cette question n'a pas mobilisé les foules des différents forums sur lesquels je l'ai posée. Voici cependant ce que j'ai trouvé.
La première chose à remarquer c’est que ce type de plage ne s’observe que sur des espèces qui éjectent activement leur spores. Le mécanisme de l’éjection repose sur la formation d’une goutte à la base de la spore justement à proximité de la plage. Cette goutte est nommée ‘goutte de Buller’ bien que ce soit Fayod qui l’ait décrite le premier en 1889. Quand la goutte est assez grosse elle s’étale sur la plage en provoquant un brusque déplacement du centre de gravité et donc l’éjection de la spore. Le mécanisme d’éjection est très clairement décrit sur le site mycoquebec :
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Très bien ! Notre plage semble bien liée à la goutte de Buller. Mais est-ce un caractère sélectionné par l’évolution pour favoriser l’éjection ou le résultat de l’étalement brusque de la goutte ?
Lecomte 2015 semble retenir la deuxième hypothèse. Clemençon 2012, page 196, semble retenir la première avec prudence ‘It is possible that the plage is functional in the active spore liberation’.
Malgré une recherche assez longue, je n’ai pas trouvé de réponse nette sur cette question. Néanmoins, je trouve séduisante l’hypothèse d’un caractère sélectionné par l’évolution pour maîtriser la force d’éjection des spores.
Références :
Lecomte M 2015. "Les russules". https://www.amfb.eu/Publications/2014/Les-russules.pdf
Clemençon H 2012. « Cytology and plectology of the hymenomycetes ». Edition Gebr. Borntraeger, Stuttgart.
Pour les curieux, amateurs de questions qui commencent par pourquoi :
"Gone with the wind, a review on basidiospores of lamellate agarics". Mycosphere 6(1), 78–112 http://www.mycosphere.org/pdf/Mycosphere_6_1_10.pdf est une synthèse très intéressante sur l’interprétation biologique des caractéristiques morphologiques des spores. Pourquoi certaines spores ont une paroi fine tandis que d’autres ont une paroi épaisse ? Pourquoi certaines sont de couleur foncée ? Pourquoi certaines ont une surface ornementée (verrues, épines…) ? …
Pascal
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Bonjour Pascal,
Merci de suivre ton sujet que je trouve intéressant et de le relancer.
Je pensais que Castor qui parle aux russules depuis longtemps pourrait nous donner des infos.
Ton hypothèse d'une trace de la goutte de Buller est séduisante mais elle n'explique pas pourquoi elle n'est visible que sur certaines espèces.
Merci de suivre ton sujet que je trouve intéressant et de le relancer.
27 mars 2020, 18:04Pascal35 a écrit : Cette question n'a pas mobilisé les foulesCe n'est pas faute d'intérêt, mais je n'ai rien trouvé malgré mes recherches.
Je pensais que Castor qui parle aux russules depuis longtemps pourrait nous donner des infos.
Ton hypothèse d'une trace de la goutte de Buller est séduisante mais elle n'explique pas pourquoi elle n'est visible que sur certaines espèces.
Jean Pierre Raverat.
http://www.champignons77.org/
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28 mars 2020, 18:13Jean Pierre a écrit : Bonjour Pascal,Bonsoir, je vous avoue que je suis pas allé si loin dans l'étude des spores. C'est intéressant, mais je dois dire que des détails aussi infimes sur des millions de spores n'offrent, selon moi, que peu d'intérêt pratique. Déjà qu'on peut parfois observer facilement des différences sur deux récoltes faites à quelques jours d'intervalle sur la même station...
Merci de suivre ton sujet que je trouve intéressant et de le relancer.27 mars 2020, 18:04Pascal35 a écrit : Cette question n'a pas mobilisé les foulesCe n'est pas faute d'intérêt, mais je n'ai rien trouvé malgré mes recherches.
Je pensais que Castor qui parle aux russules depuis longtemps pourrait nous donner des infos.
Ton hypothèse d'une trace de la goutte de Buller est séduisante mais elle n'explique pas pourquoi elle n'est visible que sur certaines espèces.
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Bonjour
Mon hypothèse est que cette plage a été sélectionnée par des espèces à spores ornementees car le relief de l' ornementation amortit l'étalement de la goutte. J' ai même l'impression que le 'but' est plus de maîtriser la force d'éjection que de l'augmenter. En effet, la spore doit être éjectée assez pour s'éloigner de la lame dont elle est issue et pas trop pour ne pas se coller sur la lame d'en face. La vitesse d'éjection est donc idéalement fonction de l'espacement des lames.
Autre chose : l'évolution n'est pas linéaire. Une stratégie sélectionnée par une espèce n'est pas forcément sélectionnée par une autre.
Pascal
Mon hypothèse est que cette plage a été sélectionnée par des espèces à spores ornementees car le relief de l' ornementation amortit l'étalement de la goutte. J' ai même l'impression que le 'but' est plus de maîtriser la force d'éjection que de l'augmenter. En effet, la spore doit être éjectée assez pour s'éloigner de la lame dont elle est issue et pas trop pour ne pas se coller sur la lame d'en face. La vitesse d'éjection est donc idéalement fonction de l'espacement des lames.
Autre chose : l'évolution n'est pas linéaire. Une stratégie sélectionnée par une espèce n'est pas forcément sélectionnée par une autre.
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