Bonjour à tous,
bon, ça date un peu, mais comme nous sommes peu occupés... Je reprends ce message (j'étais passé à côté) car il est important de s'exprimer clairement, en science en particulier.
28 déc. 2019, 07:09Y.Courtieu a écrit :
Jplm a écrit :
PS2 : à propos du terme "sporophore", je soutiens à fond la position de Guillaume, que je rappelle (son intervention du 12/10/2011) :
Les problèmes sémantiques donnent parfois iieu à des discussions entre experts qui, à vrai dire, passent à quelques années-lumière au dessus de ma tête.
Voir par exemple : L'usage du terme carpophore qui donne une position à l'exact opposé de celle de Guillaume.
D'un côté il semble être archaïque d'employer le terme carpophore et de l'autre il est d'une naïveté sans bornes d'employer le terme sporophore.
Posons-nous la question suivante : comment peut-il être "archaïque" d'employer le terme "carpophore" ? Par esprit de suite, est-il "archaïque" d'utiliser le mot "hystérie", alors que je pense que nous serons tous d'accord pour convenir que ce type de névrose ne prend pas son origine dans... l'utérus ? Est-il "archaïque" de considérer que, peut-être, Yves a écrit ce message dans son bureau, alors même que je doute qu'il y possède encore... de la bure ? Pourrons-nous continuer à nous essuyer les pieds sur notre "paillasson" sans paraître dépassés, même si cela fait belle lurette que nos paillassons ne sont plus formés de paille ? Est-il "archaïque" de proposer des "cadeaux" à Noël, alors que ce terme prend son origine dans l'ancien provençal
capdel « personnage placé en tête, capitaine » (1416), puis est devenu la « Lettre capitale ornée, d’où spécialement lettre ornée de grands traits de plumes pour décorer les écritures, remplir les marges, etc. » (1532), et donc que son étymologie n'a plus rien à voir avec son sens actuel ?
Et en ces temps troublés où tout le monde a le mot "virus" au coin des lèvres, sommes-nous tous décidément archaïques d'utiliser ce terme qui tire son origine du bas latin
virus signifiant "suc des plantes", "sperme" ou "venin des animaux", alors même que la définition moderne de ce mot n'a plus rien à voir avec son étymologie ? Faut-il en changer pour les mêmes raisons qu'il faudra aussi oublier le mot "vaccin" qui désigne étymologiquement le virus de la vaccine, une maladie des vaches (notons au passage que "vache" est un des mots de notre langue qui a conservé le sens de son étymon, ce qui est rare !) ?
Ce qu'il faut bien comprendre pour que tout s'éclaire une bonne fois pour toutes (et que les linguistes savent depuis fort longtemps), est que "le signe linguistique est fondamentalement immotivé", ce qui signifie que la définition (ou les définitions, c'est-à-dire les signifiés) d'un terme n'ont aucune raison d'avoir de lien en quelque sorte "imagé" direct avec le signe (le signifiant) auquel ils sont liés. Saussure disait : « Il n’est pas dans la nature des choses que tel signifiant soit accolé à tel signifié ». Le lien unissant signifiant et signifié est
arbitraire, et évolue avec le temps (d'où, notamment, la polysémie).
Quant à l'article cité en référence par Yves, j'ai beaucoup apprécié, comme vous je pense, l'argumentation rigoureuse : "Il est maintenant bien admis que le terme classique "carpophore" [...] ne convient pas"... Nous pouvons remercier l'auteur pour cette argumentation étonnamment mièvre (tiens, au fait, "mièvre", qui signifie de nos jours "puéril, qui n'a pas d'intensité, qui manque de force, de netteté, de puissance", tire son origine de l'ancien scandinave
snaefr qui signifie « rapide, leste, agile »...

).
Amitiés, Guillaume.