Je vois que cette récolte fait toujours parler d'elle.
A mon humble avis, il s'agit comme dit plusieurs fois d'
Amanita intermedia (taxon invalide), que l'on devrait nommer à l'heure actuelle
Amanita citrina var. intermedia.
Après pour déterminer s'il s'agit d'une simple forme d'
Amanita citrina ou d'une espèce bien à part, il faudrait avoir recours à la biologie moléculaire
et faire une analyse détaillée des critères morphologiques, ainsi que sa phytosociologie ! Pour l'instant, aucune étude n'a été faite sur ce taxon ou ce groupe d'espèces.
La sous-section
Mappae possède à l'heure actuelle seulement trois espèces en Europe, que voici :
- Amanita citrina, ne peut-être exclue que pour la couleur de son chapeau se situant dans les tons citrins, voire blanche (var. alba) ainsi que les tons roux de sa volve.
- Amanita asteropus, possède un bulbe s'éclatant en étoile, est souvent tâché de roussâtre sur le carpophore et est un peu plus gracile.
- Amanita porphyria, de couleur grise (et non porphyre ) et a un anneau de couleur grisâtre (sauf dans la var. recutita).
Fouad a écrit :Sur le lieu de la récolte, et sur 100 m², on y trouvait des citrina blanches, citrines et intermedia ??? Cela relèverait de la croyance et non de l'observation. Pour moi, c'est Amanita citrina tout court, mais...
C'est également très intéressant comme note écologique, mais pourtant cela ne prouve en rien qu'il s'agit d'une simple
Amanita citrina. On peut bien trouver de multiples espèces d'
Hygrocybe dans la même prairie ! Ou même deux des espèces d'
Asterophora sur le même vieux carpophore de russule... Cette récolte semble avoir été faite en plaine, d'après la litière que je vois sur l'image. Personellement et d'autres mycologues de ma région ont également constaté trouver ce taxon plus en altitude, dans les pessières à myrtilles notamment. Peut-être que de multiples mutations génétiques lui ont permis de conquérir de nouveaux espaces tout en pouvant garder son écologie d'origine ?
Un argument également soulevé a été les taches rousses sur le bulbe du champignon. Nous l'avons vu plus haut, c'est une caractéristique importante (mais pas constante !) d'
Amanita asteropus. Cela penche également en faveur d'une distinction d'
Amanita citrina, mais voyant celle-ci trop peu fréquemment, je ne peux pas confirmer qu'elles soient totalement absentes de l'espèce type. J'ai déjà vu des individus possédant une apparence bien plus ambigüe, presque identiques à l'amanite à bulbe étoilé.
Il ne faut pas oublier que l'amanite citrine est très variable ! Mais ce n'est pas pour autant qu'il faut nier que ces récoltes ne concordent pas avec la description originelle et améliorée au fil du temps de celle-ci. Résumons les critères qui peuvent la différencier de notre amie couleur agrume :
- une couleur de chapeau plus chaude ou brunâtre
- un bulbe se tachant de rouille
- une tendance au roussissement (non observé ici)
- des exigences écologiques pouvant différer (pas dans notre cas)
- une perte du voile général sur le chapeau plus importante (pas ici, exemplaires trop jeunes ?)
- éventuellement des caractères microscopiques ?
Souvent des espèces originellement connues sous un seul et unique nom se sont divisé avec le temps et l'amélioration de nos connaissances mycologiques. Citons le complexe d'
Entoloma bloxamii (notons
Entoloma rubellum de couleur rose et non bleue, est en fait une simple forme de coloration d'
Entoloma bloxamii), de
Flammulina velutipes oue encore de
Coprinus comatus. Donc il n'y aurait rien d'étonnant à ce qu'il s'agisse d'une bonne espèce.
Il faut faire attention aux images de sources américaines, qui représentent en général
Amanita lavendula (autrefois une variété d'
Amanita citrina !) qui ressemble plutôt bien à notre amanite, mais qui s'en distingue (entre autres critères) par ses teintes violacées, pas toujours visible à l’œil nu et sa volve pouvant se tacher de roux.
Personnellement, je ferais partie de l'école qui la séparerait d'
Amanita citrina, mais si quelqu'un m'apporte la preuve (que je jugerai convaincante, bien sûr) qu'elle ne doit pas être séparée, je la rangerai bien tranquillement dans sa boîte artificielle d'
Amanita citrina var. intermedia ou
Amanita citrina asp. intermedia.
En attendant des études plus poussées sur cette espèce, je la considérerai tout de même en tant que simple variété d'
Amanita citrina (qui fait consensus à l'heure actuelle d'après Mycobank et IndexFungorum) et j'invite à renommer le sujet en [Amanita cf. citrina var. intermedia] Tirez sur le teinturier, pour ne pas perdre les personnes les moins expérimentées, surtout avec ses couleurs proches de la mortelle amanite phalloïde.